Dernier coup d`oeil sur St-Louis !

Toujours à circuler dans la ville, afin de me faire une première idée de sa topographie, de ses habitants, l`on peut à peine circuler dans certaines rues, mètre par mètre, tellement il y a foule. J`ouvre la fenêtre du Suzuki et là, se rajoute la cacophonie de cette marée humaine, des bêlements des moutons, et les senteurs… moi, avec mon odorat aseptisé de Nord-Américain, ces parfums africains me frappent de plein fouet : Épices exotiques, transpirations fétides, crottins d`animaux, urines séchées, arachides grillés… et j`en passe !

   De jeunes vendeurs m`offrent des cigarettes, des ustensiles… des vendeuses s`avancent en exhibant leurs fruits du moment, bananes, oranges, papayes.

   Un gendarme est planté à une petite jonction de cette rue, et il essaie tant bien que mal, le ¨pôvre¨, de démêler ce fouillis de charrettes, de gens, d`animaux, de taxis… mais je constate en visionnant ce spectacle  que le rythme de la vie ici est riche de colories mais calme, désordonné mais patient, l`âme africaine bât vraiment ici dans son élément naturel. Mais quoi de plus normal… je suis en Afrique !

   Nous sortons enfin, de peine et de misère, de ce goulot humain pour nous retrouver sur un pavé qui n`a que le nom, car criblé de tellement de trous que nous peinons à avancer. De nombreux petits commerces de chaque côté, ici une quincaillerie, là, deux jeunes réparent un pneu, ce qui me laisse supposer un ¨point de service¨, plus loin, un kiosque à pain-baguette il va sans dire. Puis une longue clôture entourant le stade municipal où là, il doit sûrement s`y jouer des parties de ¨foot¨ car dans ce pays, jadis colonisé pendant très longtemps par la France, de nombreuses habitudes sportives et alimentaires y sont demeurées. Un néo-colonialisme économique y est d`ailleurs toujours omniprésent et j`y reviendrai plus en profondeur en cours de séjour.

   Un autre carrefour, tout aussi impressionnant que le premier, non pas par son aspect humain mais plutôt par ses bâtiments car l`on s`y retrouve tout à coup avec de grandes structures abandonnées, semble-t-il, et qui devaient servir d`entrepôts, là, un poste de gendarmerie nationale et sur la gauche, une immense église catholique, tout en béton, avec un style gothique lourd et passablement surprenant pour moi car nous sommes dans un pays à 95 % de religion musulmane !

   Et les petits commerces se succèdent, plus minuscules toutefois, suivis de grands murs de béton, parsemés à leur sommet de tessons de bouteilles, et entourant des propriétés un peu plus classiques, genre d`anciennes maisons françaises et ayant sans doute appartenues à des colons durant cette période coloniale.

   Bamba arrête soudain le Suzuki en face de l`une de ces grandes maisons, elle auusi en béton, avec un toit plat, un mur caché en partie par un tapis de paille tressée, un petit garage à sa gauche… Voilà, c`est  bien ma maison que je vais habiter durant ces deux prochaines années… Je suis enfin arrivé chez moi… Hourra !!!

Fricot